
SIGHNAGHI
(Géorgie)

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Toute l'année, les Géorgiens m'ont loué les charmes de Sighnaghi.
- "C'est la plus belle ville de Géorgie !", s'exclame un étudiant.
- "Un lieu incontournable en Kakhétie !", assène celle-ci.
Dimanche 22 septembre, j'ai l'occasion de découvrir cette perle.

Début de l'automne, temps gris et frais.
Les touristes préfèrent rester au chaud, gagnent de l'argent dans leur pays pour s'offrir des séjours au soleil et glander, oublier leur mal de vivre.

J'arrive après l'avalanche estivale, les hôtels complets et la bonne humeur obligatoire.
Sighnari est toilettée, respire le propre, la conscience suisse. Ces maisons trop bien rénovées détonnent dans des rues vides.
Pour qui a-t-on si bien décrassé au karscher ?
La carte postale manque de vie, restaurants et cafés attendent vainement les clients.

Des années seront nécessaires, pour que Sighnaghi prenne patine et rides, après ce lifting radical, opération esthétique au bistouri.
Peut-être ai-je été mordu par Saturne ?
Le virus de la mélancolie me dévore-t-il ?
Je regrette les ulcères du temps, les crépis fissurés et les treilles antiques.
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J'aime Sighnari et je lui trouve le cul trop bien lêché, des fripes de restaurateur mendiant au sourire commercial.

Quel est cet air d'archiduchesse autrichienne ?
Joues roses pastel, du rimmel bleu pastel, une blondeur jaune pastel.
Une telle compagnie m'ennuie, c'est infaillible.
Je n'ai pas le talent d'extraire la poésie d'une meringue géante, livrée par l'industrie touristique.
Lionel Bonhouvrier.
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